Diagnostic et premières leçons - III



2004


3. Les réalités de la reconstruction :

3.1 Actions entreprises

En terme de reconstruction, le gouvernement a publié une liste d’ouvrages publics qui nécessitent une reconstruction et a lancé un appel d’offre à ce sujet. Certains projets ont été confiés au Croissant rouge ou à d’autres organisations, telle la Croix Rouge Française pour la reconstruction d’une école d’infirmiers. En ce qui concerne les infrastructures scolaires, particulièrement touchées par le séisme, des projets de prototype ont été établis par les autorités iraniennes et proposés aux potentiels bailleurs de fonds.

En ce qui concerne les maisons individuelles, le gouvernement a décidé de verser 10 000 euros par famille (dont une partie remboursable) pour la reconstruction d’une maison. Cependant, dans un rapport du mois d’août, Caritas Suisse mentionne que les versements n’ont toujours pas commencé. D’autre part, l’attribution des terrains risque de poser problème, les documents administratifs comme les titres de propriété ayant disparus dans la catastrophe. Force est de constater une certaine inertie de la part des autorités iraniennes, inertie qui explique en partie le peu d’évolution dans la situation à Bam depuis huit mois. Fait emblématique : le master plan de la ville n’a toujours pas été mis à la disposition des acteurs de la reconstruction. Or, l’inertie du gouvernement ne risque-t-elle pas de freiner les ONG désireuses d’intervenir en Iran ?

Dans la ville même de Bam, les travaux de reconstruction n’ont pas encore débutés mais l’évacuation des gravats devrait être achevée prochainement..
Des réflexions sur l’après Bam voient le jour, notamment sur l’initiative d’architectes locaux qui cherchent à proposer des solutions pertinentes en matière de reconstruction.

D’autre part, des projets de reconstruction ont démarré dans les villages alentours, menés par des ONG étrangères, notamment Caritas Suisse et Caritas Hollande (Cordaid).

Cordaid a élaboré son projet de reconstruction à Bam sur base d’une évaluation des dommages et des besoins menée par le réseau Caritas durant les deux premières semaines du mois de janvier 2004.
Ce projet comporte plusieurs volets :
1. La reconstruction proprement dite, avec des technologies et matériaux spécifiques.
2. Le volet formation,
3. La démarche “income generating”, avec un programme d’emploi de la population locale.
Date de commencement : 1er février 2004 ; durée du projet : 8 mois.

Caritas Suisse a entrepris à Bam un projet de reconstruction de 265 maisons individuelles incluant un volet formation à la construction parasismique. Le but général de l’intervention de Caritas Suisse à Bam est de mettre en place un projet qui soit le plus adapté possible à la culture, au climat et au style de vie des communautés locales en même temps qu’il mette en œuvre une technologie préventive, résistante aux séismes ainsi qu’aux vents violents du désert. Au-delà de la reconstruction physique de l’habitat, il s’agit de permettre la participation des bénéficiaires au processus de reconstruction, notamment en les formant et de travailler dans le respect des spécificités locales en matière d’habitat.

  • Comment reconstruire ?

Outre le choix du lieu de reconstruction, les acteurs souhaitant intervenir dans le processus de reconstruction sont amenés à se demander comment reconstruire : faut-il rester sur un schéma de reconstruction à l’identique, afin d’atténuer les effets de la catastrophe ou profiter de la crise pour engendrer des évolutions en matière d’habitat ? Au niveau sismique, il semble évident qu’il faille tirer les leçons de Bam : intégrer des mesures parasismiques au processus de reconstruction et utiliser le travail de reconstruction pour diffuser une expertise dans ce domaine.

Pour ce qui est des matériaux utilisés, certaines démarches préféreront miser sur l’utilisation -au moins en partie- de matériaux traditionnels, tels la terre crue, afin de produire un type d’habitat conforme à la tradition locale et respectueux des populations [1]
.

D’autres démarches plus innovantes seraient également susceptibles de voir le jour tout en tenant compte des impératifs pratiques découlant de la culture et du mode de vie iraniens [2].

Diagnostic et premières leçons - IV

[1Voir à ce sujet le projet proposé à Bam par l’ONG turque le Croissant Bleu qui utilise des blocs de terre crue stabilisée.
Voir également les recherches menées par Craterre EAG sur l’utilisation de la terre crue dans la reconstruction de Bam : http://terre.grenoble.archi.fr.
Sur l’utilisation de techniques traditionnelles, des ressources sont disponibles sur le réseau Basin, building advisory service and information network : http://www.gtz.de/basin/.

[2Voir les projets de reconstruction mis en place ou envisagés à Bam





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