Introduction



2004


Architecture et Développement en capitalisant les expériences en situation de crise a pour objectif de participer à l’amélioration des pratiques humanitaires dans les contextes urbains. A&D contribue ainsi à la communication des expériences, se plaçant dans une position de diffusion d’informations. Cela nous permet aussi -en tant qu’association de solidarité internationale mobilisée sur le thème de l’architecture appropriée- de nous positionner et de nourrir le débat sur les modalités d’intervention en zone grise.

Nous avons souhaité faire un bilan de la situation à Bam huit mois après le séisme de décembre 2003 : aujourd’hui, quelles sont les conditions de vie et l’état d’esprit des populations affectées par le séisme ? Quelles ont été les initiatives qui ont vu le jour, celles qui sont restées lettre morte, quel type de réponses ont été mises en place au niveau institutionnel et au niveau non-gouvernemental ? ...

Ce travail de capitalisation des actions entreprises à Bam depuis huit mois a été mené depuis le siège parisien d’A&D entre le mois de juillet et d’octobre 2004 par un groupe de travail réunissant à la fois de jeunes professionnels des métiers de l’humanitaire, des experts en structures parasismiques et des architectes franco-iraniens. A travers un travail de recherche sur Internet, d’entretiens en France auprès d’acteurs humanitaires, de représentants officiels ou de professionnels iraniens, les informations récoltées ont été nombreuses et variées.

Notre démarche ne répond pas à un souci d’exhaustivité. Nous avons souhaité questionner les initiatives entreprises afin de présenter des pratiques exemplaires en matière d’habitat [1] en contexte de post urgence et, à défaut, de questionner les causes de l’absence de telles actions. Certaines initiatives seront mentionnées dans ce document, comme base pour lancer des pistes de réflexions et souligner les enjeux liés au cadre bâti à Bam. La perspective dans laquelle nous nous plaçons est la suivante : l’habitat constitue une approche pour appréhender la question de la pauvreté urbaine. Notre objectif est de chercher comment limiter la précarisation des populations affectées par une crise en travaillant sur l’habitat.

Les réponses apportées en matière d’habitat seront déterminantes pour les habitants de Bam au-delà de l’aspect strictement matériel de la reconstruction. D’une part, parce qu ‘elles contribuent à éviter ou à précipiter la précarisation des populations affectées par une crise. D’autre part, parce qu’elles incarnent le hiatus entre urgence et développement. Bam est une situation exemplaire d’un cas de catastrophe naturelle ayant des conséquences massives en terme de pertes humaines et de destructions matérielles. Une fois l’urgence médicale passée, l’habitat est le premier besoin des populations affectées par un séisme. Pourtant, l’habitat ne peut se comprendre que dans la durée, surtout en cas de crise aiguë ( guerre, catastrophes naturelles...) où la reconstruction morale des populations passe nécessairement par la reconstruction physique d’une maison, d’un quartier, d’une ville et leur ré-appropriation par les populations affectées. L’habitat représente la matérialisation concrète de la reprise d’une vie, du dépassement de la crise ; en cela, il possède une importance symbolique qui vient s’ajouter aux nécessités matérielles de la reconstruction. L’habitat, parce qu’il est amené à se pérenniser, est donc au cœur du maillon court terme/long terme. Il peut être une solution exemplaire à l’établissement du lien entre urgence et développement. Il faut, dès l’urgence, avoir à l’esprit et intégrer les enjeux du long terme. Combien de fois la pérennisation de solutions ‘temporaires’ pour l’habitat s’est révélée dramatique en terme de précarisation des populations victimes de crise ? « Microondas » désertées au Salvador, déplacement des populations dans des zones enclavées, logements « provisoires » qui se pérennisent... N’est-t-il pas temps d’arrêter d’évacuer la question de la durabilité sous prétexte d’intervenir dans une situation d’urgence ?

Séisme du 26 décembre 2003 - I

[1On entendra par les activités développées en matière d’habitat toutes les activités créatrices d’espace et de relations sociales.





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