Pourtant, malgré ces compétences techniques, l’expérience malheureuse en matière de séisme et les exigences légales, des catastrophes comme celle de Bam peuvent encore se produire aujourd’hui en Iran, présageant de l’hécatombe que provoquerait un tel scénario à Téhéran.
Où est le blocage lors du transfert des compétences ? Pourquoi l’expertise des spécialistes iraniens ne se retrouve-t-elle pas dans la construction concrète des habitats ? La hiérarchie sociale, les bocages bureaucratiques et le sentiment de fatalisme propre à la culture iranienne sont autant de facteurs qui diluent l’expertise iranienne en matière parasismique. Si certains modèles de construction prennent en compte la réglementation, c’est lors de la mise en œuvre que les exigences ne sont pas respectées. Les normes strictes sont « assouplies » voire bradées pour réduire les coûts, alors que les contrôles semblent insuffisants ou inadaptés. Il est difficile de mettre le doigt sur des causes précises ; néanmoins il apparaît que ce désastre résulte en grande partie d’une mauvaise mise en œuvre des dispositions constructives parasismiques dans les constructions récentes ainsi que d’une très forte vulnérabilité des constructions anciennes. Un manque de rigueur à différentes phases de la construction et du contrôle semblerait expliquer ce décalage entre un processus de construction et de contrôle normatif efficace sur le papier et défectueux sur le terrain. Un double niveau de contrôle, interne et externe, permettrait peut être une plus grande qualité de mise en œuvre indispensable pour obtenir un résultat fiable.
Les interrogations et les suggestions sont nombreuses, la crise de Bam s’en fait l’écho. Reste à convaincre de l’importance d’une démarche d’évaluation et de suivi des projets menés. Ce type de démarche permettrait de tirer profit des expériences réussies ou douloureuses et de les capitaliser afin d’élaborer des réponses post-urgence de qualité, alliant prise en compte des besoins urgents et respect des impératifs qui conditionnent le succès des projets de ce type : durabilité et acceptabilité.
Certains pays touchés par de tels événements (USA, Turquie, Japon, Canada..) ont mis en place des organisations spécialisées dans le domaine de la préparation au désastre, des projets de coopération existent au niveau international. La réduction des conséquences catastrophiques d’un séisme sur les vies humaines et le tissu économique passera aussi par un transfert de compétence entre ces différents acteurs. Restent deux limites : l’inertie d’un gouvernement autoritaire et l’absence de pouvoir économique des populations locales ou d’un Etat socialement responsable.