La dialectique de l’exclusion et de l’inclusion est centrale dans la lutte contre la pauvreté
urbaine. La ville est paradoxale,au sens où étant le lieu de l’émancipation par excellence, elle
sécrète aussi des effets pervers qui limitent ou détournent les perspectives qu’elle offre aux
pauvres.
La ville attire
Les migrations des campagnes vers les villes ont, de tout temps,été porteuses d’un
mouvement d’émancipation par le travail et par une sociabilité choisie. Cette forme
d’émancipation n’annule pas nécessairement les liens ethniques et familiaux, mais les allège
au moins partiellement. Ainsi la ville participe d’un mouvement dans lequel les individus
deviennent sujets de leur histoire.
La ville, parce qu’elle multiplie les opportunités d’emploi, permet une diffusion et une
accumulation de revenus. S’y développent des activités qui étendent son aire d’influence et qui
entraînent la formation de réseaux de villes, par delà l’environnement immédiat, tandis que la
croissance démographique dans les villes et l’extension urbaine offrent des débouchés
croissants à la production agricole.
D’autre part, l’économie globale est,de façon croissante, une économie fondée sur le savoir.
L’innovation et la créativité en sont des moteurs puissants ; la recherche et la recherche-développement
en sont des éléments -clef. Les centres décisionnels et financiers attirent ainsi
des cerveaux du monde entier et les grandes villes sont alors les lieux d’un cosmopolitisme
fertile. Ce mouvement ne garantit pas systématiquement l’inclusion de tous les citadins. Aussi,
à notre époque, l’inclusion est-elle à considérer non pas comme une caractéristique urbaine
immanente, mais plutôt comme un projet socio-politique. La finalité de l’intégration sociale
est bien, pour chacun,de pouvoir jouir de ses droits et d’exercer sa qualité de citoyen.
Mais la ville exclut
Sur tous les continents,les grandes métropoles exercent toujours un pouvoir d’attraction
auprès des ruraux ou d’habitants de petites villes ou d’urbains de pays plus pauvres. Mais la
ville ne possède pas de mécanismes d’intégration à la hauteur des espérances qu’elle génère.
Les autorités locales n’ont pas toujours les moyens ni la volonté de faire en sorte que les
pauvres soient logés et desservis dans des conditions satisfaisantes, tandis que le marché du
travail n’absorbe plus toute la demande d’emploi et que l’économie populaire n’a pas d’atouts
suffisants pour garantir la survie de tous les laissés pour compte de la croissance et de l’exode
rural.